Texte 15a

vendredi 2 mars 2012
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La répression de l’homosexualité touche toutes les femmes

Des féministes, qui comme vous l’avez deviné, sont appelées homosexuelles

Tract de la manifestation du 25 juin 1977

LA CAMPAGNE ACTUELLE CONTRE LES HOMOSEXUELS AUX USA prend l’ampleur d’une véritable croisade : elle a abouti à l’abrogation d’une loi anti‑discriminatoire vis‑à‑vis des homosexuels, par un référendum en Floride.

Cette croisade est menée par une femme, Anita Bryant, et repose sur les idées de la nécessité d’une protection de l’innocence des enfants et de la défense des joies naturelles du mariage face à l’homosexualité contre‑nature.

Anita Bryant n’est, de plus, pas n’importe quelle femme, c’est le parfait modèle de la "vraie femme" américaine : ex‑miss, baptiste‑évangéliste, mariée et mère de famille nombreuse. La campagne anti‑homosexuels se base donc sur une revalorisation des images de la famille dans sa forme la plus absolue et des mythes de la féminité et de la virilité.

Cette revalorisation ne survient pas par hasard, elle arrive au bon moment, au moment où les femmes américaines commencent à considérer ces images comme périmées, prennent conscience de leur oppression, au moment où le mouvement des femmes s’élargit, se renforce. Si cette campagne survient aujourd’hui c’est que ces valeurs doivent être maintenues d’urgence pour sauvegarder la société menacée par la prise de conscience générale des femmes, menacée en même temps par les hommes homosexuels.

LES HOMMES HOMOSEXUELS ne font que réaliser une homosexualité masculine latente, présente dans toutes les institutions (armée, église, sport ...) dans notre société patriarcale, par et pour les hommes, la seule référence valable, c’est l’homme, les seuls modèles existants ce sont les hommes. Aussi ce qui sous-tend les rapports entre les hommes, c’est bien une homosexualité inconsciente, une reconnaissance mutuelle entre les détenteurs du pouvoir.

Les homosexuels ne font donc jamais qu’être cohérents en vivant complètement ce rapport. Ce faisant, ils renvoient à la société sa propre image contradictoire, car si l’homosexualité masculine est un crime, c’est qu’elle doit en fait rester latente pour cimenter le pouvoir des hommes. Elle ne doit pas être dite, ni réalisée, car le fonctionnement de la société repose sur la reproduction dans la famille, donc sur un rapport hétérosexuel : aussi les hommes homosexuels vont trop loin, en vivant ce qui doit demeurer latent donc en le dévoilant dans une certaine mesure et en ne remplissant pas la fonction de reproduction.

LES FEMMES HOMOSEXUELLES, elles, n’existent pas "officiellement" la plupart du temps. Les femmes n’ont aucune possibilité d’existence reconnue sans une référence masculine, des femmes ensemble ne peuvent donc exister ‑ Vous êtes toutes seules ? ‑ C’est la question des hommes aux femmes qui se promènent à plusieurs sans "protecteur".

Cependant les femmes homosexuelles existent bien, et la signification sociale de leur homosexualité est un refus : refus du conditionnement qui impose la reproduction et le travail domestique profitant gratuitement aux hommes, refus du schéma virilité/féminité, refus de l’alternative mère ou putain, refus donc de toute la structure familiale et des mythes qui la soutiennent.

Ce refus est ce à quoi les relations entre femmes aboutissent objectivement, que cela soit conscient ou non chez les femmes homosexuelles elles‑mêmes, et quoiqu’en dise l’idéologie qui tend à faire de l’homosexualité un problème individuel, biologique ou psychologique, ou encore une forme de sexualité parmi tant d’autres. L’homosexualité c’est donc socialement : des femmes qui se passent d’hommes, des femmes qui peuvent être indépendantes. ; c’est aussi le rejet d’un certain type de rapports, c’est en fait le rejet d’une norme familial qui est celle fondant l’oppression des femmes.

C’est là qu’est la subversion, dans l’existence indépendante de femmes et ce qui est réprimé n’est peut-être pas tant l’homosexualité que la non-hétérosexualité, "vieille fille" étant péjoratif comme "sale gouine".

Ce contre quoi toutes les femmes luttent dans les mouvements de libération c’est ce à quoi les homosexuels s’affrontent qu’ils en soient conscients ou non. C’est la même idéologie qui soutient la famille et met l’interdit sur l’homosexualité – preuve en est la campagne d’Anita Bryant – c’est la même société patriarcale qui en a besoin et de ce soutien et de cet interdit.

La répression de l’homosexualité a donc pour fonction de faire rentrer les femmes sans le rang : de les dissuader de devenir lesbiennes, de les en punir si elles le sont devenues et de les convaincre plutôt d’assurer leur rôle de mère et d’épouse ; cette répression-là n’est cependant qu’une des armes de l’arsenal répressif d’une société patriarcale, au même titre que la violence, le viol, les lois sur le mariage et l’avortement etc. c’est-à-dire une des choses contre lesquelles luttent toutes les femmes des mouvements de libération des femmes.

Nous sommes pleinement solidaires du mouvement de riposte à la répression des homosexuels aux USA en tant que femmes luttant pour leur propre libération.

Et nous appelons toutes les femmes qui approuvent cette position à venir manifester le samedi 25 juin à 15 heures place de la République.

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