Ouverture

jeudi 6 septembre 2012
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Ouverture du colloque

Anne HIDALGO [1]

Merci et bienvenue, bienvenue à toutes.

Ouvrir un colloque à 9 heures du matin, un samedi, à l’Hôtel de Ville, devant une salle comble, quel plaisir. Je suis ravie de vous recevoir dans cette maison qui est la vôtre, vous le savez. Chaque fois que nous pouvons l’ouvrir à vos débats, à vos initiatives, nous le faisons volontiers.

Ainsi, en tant que Première Adjointe au Maire de Paris, et aussi au nom du Maire de Paris, je voudrais vous dire combien nous sommes fièr-e-s d’accueillir cette manifestation qui est une première du genre. Je voudrais vous remercier pour cela, car, il est très important d’organiser et d’affirmer publiquement comme vous le faites, cette nécessité de travailler à la visibilité et à la reconnaissance des lesbiennes.

J’en profite aussi pour féliciter la Coordination Lesbienne en France et la vingtaine d’associations qu’elle regroupe. En effet, cela fait dix ans que vous vous mobilisez sans relâche, pour que des femmes puissent s’aimer au grand jour, pour qu’elles puissent sans peur, sans honte, être avec d’autres femmes sans que cela devienne un élément de stigmatisation ou de mise à l’écart. Nous savons toutes et tous qu’il y a encore beaucoup de travail à faire sur ce terrain-là.

Vous avez souhaité que ce colloque s’inscrive dans le cadre de la journée du 17 mai qui est la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la lesbophobie, créée il y a tout juste deux ans. Je tiens à souligner que la mobilisation que vous avez organisée autour de cette journée est indispensable car le constat ici et ailleurs est sans appel.

Souvenons-nous que la suppression de l’homosexualité de la liste des maladies mentales par l’Organisation Mondiale de la Santé n’est réalisée que depuis 1990. Pour préserver leurs libertés voire leurs vies, tant les hommes homosexuels comme les lesbiennes, doivent encore dans de nombreux pays vivre leur relation dans la clandestinité. Je pense en particulier aux pays comme l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Afghanistan, le Qatar ou encore la Tchétchénie, pays où la relation amoureuse et sexuelle entre deux femmes est passible de la peine de mort.

Même si en France nous avons progressé, nous savons que les acquis sont fragiles, voire même précaires. En tant qu’élue, j’ai souvent été amenée d’ailleurs, y compris dans des débats de conseils d’arrondissements, à intervenir lorsque certains élus se permettaient un certain nombre de dérapages. Nous savons que dans la sphère politique, dans la sphère de vie quotidienne, ces discriminations, ces injures, ces insultes sont encore beaucoup trop monnaie courante. Ainsi, nous savons aussi qu’il y a des actes de violences inqualifiables, traités comme « faits divers » qui nous rappellent combien nous sommes encore loin du compte.

Aujourd’hui, il faut faire preuve d’un grand courage pour se déclarer lesbienne et assumer pleinement son choix auprès de son entourage, que ce soit l’entourage familial, l’entourage amical, et surtout bien sûr, l’entourage professionnel.

Je sais combien il est difficile pour nous toutes et nous tous, de supporter ces discriminations incessantes dont vous êtes l’objet en tant que femmes et en tant que lesbiennes. Cela n’est pas admissible et le dire haut et fort ici, est un acte de résistance ainsi qu’un acte de combat que vous menez et auquel je m’associe pleinement.

Là encore, comme à l’accoutumée, les femmes par leurs choix sont souvent plus discriminées que les hommes. Elles ne sont pas nommées, peu reconnues. Elles sont néanmoins, au quotidien, tout autant victimes des injures et de la stigmatisation que les hommes homosexuels. C’est pourquoi, la question de la lesbophobie, à savoir cette haine particulière rencontrée par les femmes homosexuelles, mérite une attention particulière.

Votre engagement est remarquable, car par votre action vous interpellez, vous donnez à voir, vous donnez corps à un mouvement déterminant que je souhaite fort et irréversible : la visibilité des lesbiennes. Visibilité de leur histoire, visibilité de leur culture mais aussi de leurs souffrances et de leurs exigences d’une société où chacune et chacun puissent bénéficier des mêmes droits car c’est bien aussi de cela dont il s’agit : bénéficier des mêmes droits.

Ainsi, si l’isolement, nous le savons, conduit au doute et à la vulnérabilité, à contrario l’action rassemble, c’est pourquoi je suis heureuse et fière du partenariat accompli depuis le début de cette mandature entre la Ville de Paris et vos associations.

Entre autre, vous le savez, nous avons organisé des campagnes ciblées, nous avons soutenu de multiples initiatives contre les discriminations à l’égard des personnes lesbiennes, des gays, des bi et des transsexuel-le-s.

Par ailleurs, nous avons aussi mis en place une convention anti-homophobie à l’initiative de la D.R.H. de la Ville car nous avons une responsabilité que nous assumons pleinement envers les 46000 agents qui travaillent à la Ville. Moitié d’entre eux sont des femmes dont certaines ont été victimes de discriminations parce qu’elles avaient, d’une façon ou d’une autre, donné à voir leur orientation sexuelle.

Nous considérons, nous Ville de Paris, que le discours que nous tenons à l’extérieur doit être aussi relayé à l’intérieur et nous menons une lutte sans merci contre les discriminations notamment à l’encontre des lesbiennes.

Pour faire évoluer les mentalités, nous le savons toutes et tous, les actes symboliques ont aussi leur importance. Lors la Journée Internationale des Femmes, le 8 mars dernier, j’ai ainsi eu l’honneur de participer à l’inauguration de la place Renée VIVIEN, dans le 3ème arrondissement, au côté du Maire du 3ème, Pierre AIDENBAUM et de Christine FREY, conseillère de cet arrondissement, qui est à l’origine de cette proposition.

Dans le cadre de ma délégation, en tant que Première Adjointe en charge notamment de l’égalité entre les femmes et les hommes, au-delà du soutien aux associations lesbiennes et de notre partenariat autour du 8 mars dans lequel, vous êtes toujours extrêmement présentes, je suis très attachée à apporter chaque année des subventions au festival de films lesbiens « Quand les lesbiennes se font du cinéma » organisé par Cineffable. D’ailleurs, cette subvention suscite toujours un débat en Conseil de Paris. Il n’y a pas une année où nous ne l’ayons attribuée sans que tel ou tel soit venu poser des questions, souvent insidieuses. En effet, au fil du temps, il y a une forme d’échange « politiquement correct » qui s’est imposé et du coup l’attaque est moins frontale mais néanmoins, elle est encore présente. Je salue, ici, les personnes de l’Observatoire de l’égalité Femmes-Hommes de la Ville de Paris, qui m’aident à porter ces délibérations au Conseil de Paris.

Sachez que la Ville continuera à se mobiliser et ce sera toujours pour nous non seulement un devoir mais aussi un plaisir que d’être à vos côtés dans ce combat pour le respect des droits fondamentaux. Ceci est au cœur de l’engagement du Maire de Paris et de tous ses Adjoints.

Je sais que les débats de cette journée vont être riches. Cette mobilisation aura sans aucun doute, beaucoup d’autres retombées. Sachez que je serais très attentive aux résultats de vos travaux qui viendront enrichir notre réflexion afin que notre mobilisation à vos côtés soit encore renforcée.


[1Anne HIDALGO est 1ère adjointe au Maire de Paris. Elle est chargée de l’Égalité Femmes-Hommes et du Bureau des Temps à la Mairie de Paris.


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