Archiver pour transmettre un atelier avec l’association ARCL

samedi 16 juin 2012
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Archiver pour transmettre – un atelier avec l’association Archives Recherches Cultures Lesbiennes (ARCL)

Présentation et visite guidée des ARCL par Michèle avec débat et réflexions collectives Retranscription et synthèse par Lydie et Annette.

La création des ARCL

Le centre des Archives, Recherches, Cultures Lesbiennes a été créé en 1983 à une époque où le milieu comme le mouvement lesbien était en plein essor : des groupes, associations, lieux existaient à Lille, Nantes, Nancy, Grenoble, Paris, Rennes, Lyon, Toulouse, Marseille, Tour, Rouen, Besançon, dans une rupture plus ou moins totale avec le féminisme hétérosexuel comme avec le mouvement homosexuel mixte. Des journaux et revues lesbiennes françaises et francophones étaient publiés : Lesbia, Espaces, l’Agendienne, Amazone d’hier, Lesbienne d’aujourd’hui ; au Québec, les Lesbiannaires ; en Belgique, CLIT 007 en Suisse. Ces groupes avaient conscience de se projeter vers l’avenir. Ils avaient le désir de réunir toutes les traces lesbiennes possibles ainsi que de se rendre visibles. Les ARCL se créèrent grâce à cette dynamique.

Le lieu

"Au départ, les ARCL occupaient un appartement qu’elles ont quitté en 1994, lorsque la propriétaire a décidé de le récupérer ; cela pour l’histoire matérielle. Au plan politique, le collectif qui avait repris les Archives dans les années quatre-vingt-dix pensait qu’il fallait créer un pont avec la Maison des Femmes de Paris (MDF), lieu féministe et lesbien, même s’il existait de gros tiraillements : il fallait absolument s’y installer, parce que les locaux n’y étaient pas trop chers, et que cela donnait une visibilité lesbienne qui n’était pas que conviviale. La Maison des Femmes avait eu une connotation lesbienne, mais un peu dégradée dans les années quatre vingt dix. Donc on s’est installées à la MDF de Paris, d’abord cité Prost, puis dans le lieu actuel, rue de Charenton." (Michèle)

Le fonctionnement de l’association

"On tient une permanence chaque jeudi contre deux permanences auparavant, nous sommes toutes bénévoles et avons par ailleurs un travail à assurer en tant que salariées… "

La MDF est un lieu polyvalent : notre espace peut être occupé par les réunions d’autres groupes en dehors des permanences du jeudi soir, ou des consultations sur rendez-vous. Nous répondons aux demandes envoyées par e-mails ou effectuées par téléphone.

Les ARCL occupent une salle et une grande partie du sous-sol à la MDF. Quand on nous a loué le lieu, ils voulaient nous interdire ce sous-sol, nous nous sommes battues pour le garder. Vous devez vous rendre compte que vous êtes dans un lieu de résistance, même si ça n’en a pas l’air comme ça… On se bat pour tout, mais surtout pour ne pas voir le loyer augmenter de plus de 10 % par an, pour bénéficier de subventions, etc. Nous avons vécu pendant vingt ans en autogestion et en autosuffisance politique et ne bénéficions de subventions que depuis 4 ans mais elles sont amputées de 2000 Euros chaque année. Fonctionner sans subvention n’est plus possible : vous êtes de plus en plus à nous demander des services gratuits : vous arrivez ici, vous nous dites "j’ai besoin de ça", nous devons répondre immédiatement –par e-mail si possible– et au bout de quelque temps, on ne vous revoit plus. Je caricature un tout petit peu, mais quand même pas trop : on mange du culturel, on mange du politique, on mange de l’histoire lesbienne, on les digère, puis on tire la chasse d’eau… Ce que l’on aimerait, grâce à une journée comme aujourd’hui, c’est vraiment vous donner envie à toutes d’aller fouiller dans les archives, d’y travailler, mais d’y travailler de manière autogestionnaire. Vous êtes dans un collectif qui est entièrement bénévole, vous pouvez travailler à votre rythme, vous venez tous les mois, une, deux fois par mois, on s’en moque, du moment que l’on sait que vous allez travailler sur une boîte, dix boîtes, les CD, les centaines de tee-shirts, les photos… Mais on sait que du début à la fin vous allez bosser dessus, à votre rythme et que vous allez en faire un produit fini, comme le travail sur la chronologie, les numérisations des textes ou des photos… " (Michèle)

La politique d’archivage des ARCL

"Au départ, le premier collectif des ARCL dans les années quatre-vingt s’appelait les Feuilles vives : elles avaient décidé de réunir uniquement les archives du mouvement radical ; puis il y eut de grands débats et des clashs et celles qui sont restées ont décidé d’ouvrir à tout le mouvement lesbien, à tous les courants nationaux et internationaux du mouvement. Les dons ont commencé à affluer : des documents personnels, des documents de groupes qui périclitaient, etc. et donc on a des documents qui datent des années cinquante – avec Arcadie –mais aussi des livres rares, et énormément de ce que l’on appelle la littérature "grise"– bulletins, tracts… Très vite on s’est aperçues qu’on ne pouvait pas dissocier mouvements féministes et mouvements lesbiens (et mouvements homos mixtes) et il est évident que nous avons ici un certain nombre de journaux gais (Gai Pied par exemple), où certaines lesbiennes ont pu écrire –même si on a décidé très vite en arrivant ici dans les années quatre-vingt-dix de ne plus acquérir du tout de journaux gais, car il n’y avait plus le côté politique présent à Homophonie à l’époque" (Michèle)

Le fonds

"Le fonds est constitué de dons et d’achats, de tendance féministe, politique ou radicale, avec au moins huit à dix langues représentées… On y trouve des romans, essais, poésie, bandes dessinées, thèses, livres d’art, des centaines de revues anciennes ou actuelles de différents pays, des milliers de documents de littérature "grise", classés par années et, ou par thèmes, de nombreux dossiers thématiques composés de coupures de presse, tracts, affiches, badges, t-shirts, banderoles de manifestions, une cinquantaine de thèses ou mémoires, plus de trois cents vidéos, fictions et documentaires, des centaines d’affiches culturelles, politiques, des centaines de photos de manifestations. Il intègre les fonds de plusieurs militantes décédées. Nous réalisons aussi des expositions : la dernière en date autour du 8 mars a circulé dans plusieurs mairies d’arrondissement (XIXe, XXe)… qui ne s’attendent pas toujours au contenu ! Nous avons différentes expositions déjà prêtes (photos, beaucoup de repros de Catherine Deudon, revues, affiches) que vous pouvez emprunter, ou louer. » (Michèle)

La visibilité et l’exploitation du fonds

"Le livre que nous avons édité l’an passé sur l’histoire des revues lesbiennes et féministes, et, avant cela, tout le travail sur les cartes postales avaient le même objectif : vous montrer toute cette production lesbienne, visibiliser notre fonds pour donner envie de plonger dans ces centaines de livres, de revues… Ce livre constitue un inventaire unique des revues, journaux, petits bulletin : le premier bulletin lesbien de 1974, écrit à la main, ronéotypé ; le premier édito, quinze interviews d’actrices de l’époque… ça n’est qu’un début ! Moi je rêverais que vous alliez retrouver toutes les filles qui ont été interviewées pour en savoir plus ; ou bien, que la totalité du magazine Quand les femmes s’aiment soit scanné par exemple." (Michèle)

"Le documentaire vidéo sur le mouvement des lesbiennes qui a été présenté lors des ateliers, a été réalisé à partir d’images qui proviennent du fonds des Archives et du fonds de la TGTL (Très grande télévision lesbienne) qui, pendant 6 ans jusqu’en l’an 2000, a diffusé tous les six mois, sous forme de cassette VHS, le journal des actualités lesbiennes vendu en librairie ou montré à l’espace TGTL pendant le festival Quand les lesbiennes se font du cinéma. En explorant avec Annette le stock des 300 vidéos des archives, nous avons découvert des raretés : les images de la création de la CLF en 1996 par exemple ou la vidéo intitulée Interprojet lesbien de 1981 dont la réalisatrice, Barbara Wolman, avait totalement perdu la trace". (Marie-Josèphe)

La transmission de la mémoire lesbienne : l’expérience des ARCL

Dès les années quatre-vingt, les mouvements lesbiens se sont préoccupés de transmission : "il faut témoigner de ce qu’on est en train de vivre, les documents s’accumulent, il faut absolument en faire quelque chose, les garder, les transmettre, etc.". De nombreuses archives lesbiennes se sont créées un peu partout en Europe. À Paris, le local mis à notre disposition est le plus grand que nous ayons jamais eu (même s’il est beaucoup trop petit en réalité) entre les salles d’archives, les espaces polyvalents de la MDF et la salle de projection. Voilà pour l’existant. Les questions qui se posent aujourd’hui : comment ouvrir le collectif à des groupes de travail ? Comment archiver des documents qui sont de plus en plus virtuels ? Comment faire rayonner les Archives ? Il existe des postures différentes à ce sujet. Claudie Lesselier, l’une des créatrices, estime que l’on doit tout diffuser, tout mettre sur le Net, on doit ouvrir tous les documents à tous et toutes, parce que de toute manière, il y aura toujours moyen d’aller les chercher, donc autant que ce soit par notre intermédiaire. Notre posture à nous est tout simplement pragmatique : comment conserver les documents en s’affranchissant du papier car nous disposons en effet de moins en moins de place, mais c’est un travail énorme. Voilà pour la pratique. Pour l’éthique, une question se pose : de quelle façon continuer à faire fonctionner des archives avec de jeunes générations de lesbiennes, et de chercheuses en général qui veulent aller très vite, veulent que tout leur arrive… ? Quelles sources conserver, comment aller les chercher, où trouver les bonnes sources ? Dernière problématique : les sous. Les Archives Lesbiennes sont subventionnées, peut-être pas pour très longtemps ; on s’est battues contre le projet du centre d’archives gaies et lesbiennes, parce qu’on voulait rester indépendantes et dans la non-mixité, mais quid aussi à ce sujet ? Voici quelques questions que l’on peut se poser…

La transmission, c’est aussi de là où on transmet : on est en 2010, on n’a plus les mêmes utopies que dans les années quatre-vingt, et on est dans une période où le réseau lesbien – ce n’est plus un mouvement lesbien pour moi, mais un réseau – est un réseau aussi homo, queer… Les archives sont vraiment ouvertes à toutes ! On est un centre d’archives, on n’est pas un groupe politique : on a toutes des postures très différentes dans le collectif, mais là où l’on se retrouve, c’est la non-mixité, l’associatif, le bénévolat, vouloir transmettre, mais vouloir garder aussi, vouloir conserver, rayonner : dans quelles conditions ?" (Michèle)

"J’ai fait partie du premier groupe des Archives ici à Paris, dans l’appartement où il y avait même un espace café très pratique pour se retrouver. J’ai aussi fait partie des Femminaires, devenues les Lesbiannaires en Belgique. Depuis cette époque, vous avez vraiment enrichi le fonds au point d’être comparables aux archives de New York je pense. C’est important à souligner. J’en viens à une question pratique : que faire des doublons ? Moi j’en ai plein… C’est vrai qu’on n’avait pas l’habitude de se poser ce genre de questions, on était tellement dans l’action… Par exemple, ce que je vais vous donner, je vais vous le donner sous forme de Cd-rom, complété de quelques pièces matérielles, mais ce type de support va mal vieillir, il faudra veiller à transférer ces données sur d’autres supports tout en gardant les originaux le plus longtemps possible. Plus on multiplie notre mémoire, plus elle aura de chance de subsister : prenons l’exemple de Sappho : l’île a subi des désastres et à présent il ne reste que des fragments de ses écrits … ? Soi-même, on ne se voit pas du tout comme personnage historique, mais à un moment donné, on se dit que cela devient important, d’autant qu’il y a une vraie demande. Et pour les dépôts d’archives, comment procéder ? Doit-on vous adresser une liste de ce que l’on a pour vous permettre de choisir ?" (Marianne)

Archiver : quoi ? Où ? Par qui ? Et pour qui ?

Les ARCL se sont constituées dans le but de rassembler et d’archiver des documents militants, introuvables dans les centres de documentation ou de bibliothèques publiques ou universitaires.

Or, elles ne sont de loin pas le seul lieu où trouver des ressources et fonds d’archives. De fait, la mémoire militante lesbienne est très éclatée. Beaucoup de fonds d’archives de groupes et d’associations sont gardés par et chez des individues, militantes ou anciennes militantes. Qui dit "archiver" évoque immédiatement un certain nombre de questions comme "qu’est-ce qu’on doit archiver, où archiver ? Par qui ? Pour qui ?"

Sur ces points, les ARCL peuvent définir leur politique, mais elles sont confrontées aux pratiques et politiques des différentes associations et groupes susceptibles d’alimenter la mémoire lesbienne conservée aux archives.

Les archives de la Barbare, par exemple, ont été pour une partie déposée aux ARCL et pour une autre conservée chez des anciennes du groupe. Pour préparer le colloque "Mouvement des lesbiennes, lesbiennes en mouvement", des ex-Barbares sont venues consulter leurs archives aux ARCL.

"En tant que membre de l’ex groupe de La Barbare, nous sommes confrontées à la question du sort de nos archives. Une partie de nos archives est arrivée ici, mais le reste a été conservé chez l’une d’entre nous parce qu’il avait été décidé en AG que ces éléments ne devaient pas être divulgués aux universitaires. On a eu du mal à retrouver cette partie-là, car on ne savait pas qui la détenait… Quant à cette décision de non divulgation aux chercheuses prises en AG à l’époque, comment fait-on aujourd’hui pour revenir sur cette décision, pour en débattre alors que le groupe s’est morcelé ? C’est une vraie question. Comment garde-t-on le contrôle sur les slogans Lesbiennes Rage ? Comment fait-on pour qu’ils ne deviennent pas des slogans queer ? C’est arrivé en Allemagne où des banderoles féministes ont été détournées d’une année à l’autre pour devenir des banderoles transgenres… Il s’agit là d’une transformation de l’histoire, ça change tout… " (Esther et Natasha)

"Les ARCL sont un havre pour nos archives. À mon avis, elles doivent être ici. Adviendra ce qui adviendra, mais elles ne peuvent pas être ailleurs qu’ici. Par ailleurs, je conserve chez moi les copies de visionnement des six cents films du festival ‘’Quand les lesbiennes se font du cinéma’’ (Cineffable). C’est ahurissant que ces films soient chez une seule personne, dans son grenier, et que personne d’autre ne puisse les consulter. Mais en plus, Cineffable accepte que ses archives soient consultées par des hommes et si ces archives venaient ici, ce ne serait pas possible." (Natasha)

Diffuser

L’archivage des différents supports, et notamment des supports audiovisuels, pose aussi la question des droits d’auteures et du copyright. En effet, l’archivage est au final étroitement lié à la diffusion. Mais l’histoire a montré qu’un archivage réussi, c’est-à-dire qui garanti la transmission aux générations suivantes, nécessite que les documents et informations soient largement disséminés et diffusés. Une large diffusion et une libre circulation sont indispensables pour garantir une transmission de la mémoire lesbienne.

Ceci est en tout cas la logique qui a été choisie par le mouvement queer qui propage ses idées très largement.

Il est évident qu’une diffusion des textes, idées et slogans féministes et lesbiens entraîne le risque de récupération.

"Après la marche de nuit que nous avions organisée en 2009, nos documents ont été récupérés, presque mot pour mot sans même nous en parler… On aurait peut-être été d’accord, on aurait au moins discuté, mais sans rien dire, nos slogans ont été récupérés juste en rajoutant, au lieu de “lesbiennes féministes”, “trans-pd-gouines”. Donc nos mots, nos énergies ont été récupérés et transformés… " (Esther)

Cette problématique de la “récupération” n’est pas une problématique d’archivage ou de transmission, mais de signature et de revendication de la parenté, comme le signale Marie-Josèphe :

"Publions, diffusons nous-mêmes nos textes. Signons, mettons nos noms sur nos papiers, nos tracts, tout. C’est une question de vitesse. Il faut couvrir le terrain, être présentes, il faut y aller… " (Marie-Josèphe).

Transmettre

Archiver est une façon de garder la mémoire qui n’est pas visible de premier abord. Dans la mémoire du mouvement lesbien et féministe, ce qui est davantage perçu est ce qui a été produit par les historiennes et transmis dans l’historiographie mais peut apparaître, aux militantes et actrices du mouvement, en net décalage avec la réalité vécue.

"Des changements se glissent dans la transmission de l’histoire. On n’est pas encore enterrées que la transformation a déjà lieu, l’histoire récente est modifiée. Comme si on nous enterrait vives ! On refait déjà notre histoire, ce que j’ai vécu plusieurs fois. La pensée lesbienne est collective. Quand on archive des tracts, des flyers, des produits de la pensée collective, on les fixe : on met une date. On montre ce qui a été dit et pensé… Mais il manque dans les archives l’histoire des activistes ce qui permettrait aussi de la fixer et de limiter les déformations ultérieures.

La transmission se fait par celles qui ont le temps et les moyens de le faire, qui sont institutionnalisées, c’est-à-dire les universitaires. Les activistes quant à elles n’en ont pas le temps, car elles sont dans l’action. Or, la pensée lesbienne radicale est une émanation d’une pensée collective." (Marianne)

Dans les colloques la question de la légitimité des intervenantes peut se poser. Dans quelle mesure par exemple est-il légitime d’intervenir au nom d’un collectif ?

"Les colloques de la CLF laissent toujours beaucoup de place aux collectifs et aux militantes. Le colloque, parce qu’il contraint à s’exprimer, est un moyen de donner aux militantes un espace et du temps pour la réflexion. C’est un moment de bilan, qui fait prendre du recul par rapport au temps de l’action. Réfléchir sur quarante ans de mouvement, c’est se nourrir." (Marie-Josèphe)

"Et on se réconcilie aussi. C’est notre cas pour la Barbare. Alors que la fin de fa Barbare fut une vraie tragédie, ce colloque nous a permis aussi de digérer cette tragédie et de nous réconcilier. Pouvoir rouvrir les cartons sereinement et de se dire qu’on les ouvre pour donner et pour transmettre." (Natasha)

"Sur la question du rôle des universitaires, je me sens concernée, car je suis doctorante et aussi militante. Ce cas de figure existe et il faut faire avec. Je pense qu’il est important de porter l’attention sur la façon dont on créé nos textes. J’ai mes propres idées, donc je suis capable de réfléchir, de concevoir et de produire. Mais je suis d’accord que des récupérations et manques de citations des sources existent et que des universitaires utilisent et exploitent la pensée militante sans la citer et attribuer correctement ses origines.

Mais il ne faut pas généraliser. Produire au sein de l’institution peut aussi constituer une façon de lutter. Et cela peut se faire sans être déconnectée du terrain et du militantisme. Il ne faut pas tomber dans le piège de séparer nos forces. Il y a des moyens de produire un savoir qui peut être militant." (Salima)

"Mais il ne faut pas oublier aussi que dans 99 % des travaux et publications institutionnalisées, il y a censure et autocensure. Que cela vienne de l’extérieur, qu’on vous dise “vous pouvez publier, mais vous retirez ça” ou que la personne se dise “si je mets cela, je peux faire une croix sur ma carrière”. Des prétendues grandes penseuses du mouvement lesbien me l’ont dit personnellement. “Tu sais, j’arrête mon analyse là. Plus loin, jamais”. Elle a sa carrière, elle est payée, invitée partout et elle s’est inspirée des documents et écrits, dont mon mémoire, mais elle ne les a jamais cités…" (Marianne)

Le rôle des ARCL dans ce processus d’archivage, de diffusion et de transmission

« Nous ressentons aujourd’hui un vent nouveau. Celles qui viennent consulter les archives pour des recherches universitaires sont très souvent aussi des militantes. Il y en a de plus en plus. Mais il y a eu un moment de creux de vague depuis le début des ARCL où les archives étaient très peu utilisées par les universitaires, on n’en parlait même pas. Dans les années 1995, j’ai entendu dire par des universitaires “Ah, les archives lesbiennes existent ?”. C’est quand même terrifiant. Les militantes venaient surtout travailler sur le fonds culturel, cinéma, affiches… Aujourd’hui, j’ai l’impression que les universitaires et chercheuses rayonnent beaucoup plus dans leurs recherches et les archives à travers elles. Les ARCL souhaitent que tous les matériels soient utilisés mais, en tant que centre d’archives, nous ne disposons d’aucun contrôle sur l’utilisation qui en est faite." (Michèle)

Un exemple d’archivage, de diffusion et de transmission en réseau : le wikilesbien

"Un groupe de travail a commencé à élaborer une "chronologie lesbienne". Il épluche systématiquement toutes les publications lesbiennes, Lesbia, Quand les femmes s’aiment, Désormais etc. pour recueillir ce que nous identifions comme des données de base : la création d’un groupe, la publication d’une nouvelle revue, un évènement, une action, une rencontre, l’ouverture d’un lieu etc. On s’aperçoit que Lesbia est une source merveilleuse d’information, mais très fragmentaire sur les régions. L’idée est donc que les militantes qui sont à l’origine des événements complètent directement notre base de données avec les informations qu’elles sont souvent les seules à détenir. Pour y parvenir, nous envisageons de mettre en place un outil collaboratif de gestion de contenu, utilisable via Interne, qui pourrait être une sorte de wiki lesbien. On est en train de chercher l’outil qui permettra ce travail collaboratif. La collaboration a déjà commencé, on nous fournit les informations manquantes et, petit à petit, ce petit projet va se développer et grandir." (Marie-Josèphe)


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