Conclusion du colloque

mardi 4 septembre 2012
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Conclusion du colloque

Françoise FLAMANT [1]

C’est un honneur pour moi de conclure cette journée. Mais aussi une difficulté : pour la première fois dans notre histoire, si occultée, si marginalisée, nous sommes venues nombreuses dans un établissement public aussi prestigieux que la Mairie de Paris pour exprimer notre existence, communiquer nos expériences et partager nos réflexions.

Chacune d’entre nous a appris aujourd’hui quelque chose de l’autre qu’elle ne connaissait sans doute pas.

En pensant à faire une synthèse de cette journée, l’image du tricycle s’est peu à peu imposée à moi.

  • La roue arrière gauche ? Portons y tous nos investissements dans les organisations féministes, les mouvements LGBT, la Coordination Lesbienne en France.
  • La roue arrière droite ? J’y verrais bien tous nos efforts en direction des pouvoirs publics, de nos élus, des municipalités, des régions, des instances européennes et internationales, de l’ONU.
  • A l’avant, c’est la roue principale, celle qui guide, qui ouvre la voie. Et bien, c’est nous, les lesbiennes, qui sommes sur cette roue, nous toutes, les connues et les inconnues, celles qui se battent chaque jour pour vivre et trouver leur part de bonheur.

Ces trois roues, force est de se rendre compte qu’elles tournent bien !

Je souhaite rendre hommage aussi à toutes ces initiatives, à l’origine personnelles, que l’on a pu évoquer aujourd’hui : je rappellerai : le Centre d’Archives Lesbiennes, le célèbre festival « Quand les lesbiennes se font du cinéma » de Cineffable qui attire chaque année des centaines de lesbiennes à Paris, et j’évoquerai à nouveau les passionnants colloques biannuels de Bagdam Espace Lesbien à Toulouse.

Le thème de la journée portait sur la visibilité/ l’invisibilité des lesbiennes. Jacqueline JULIEN, Hélène BOULANGER, l’ont évoqué : quand quelque chose est visible, quelque chose d’autre est invisible. Alors que choisit-on de montrer de nous ? Quelle représentation proposons-nous ? Voilà des questions loin d’être simples. On a dit aussi que le fait d’être invisible n’est jamais totalement négatif : l’underground on le sait bien est riche en créativité. Et trop de visibilité ne nous fait-elle pas rentrer dans la normalité ? Alors visibles/invisibles, pour qui, pour quoi ? Il y a une histoire de l’imagerie et des représentations des lesbiennes C’est notre héritage. Qu’en pensons-nous ?

Nous sommes cependant toutes d‘accord ici pour penser l’idée qu’ « être visibles c’est exister ». Je retiens la déclaration de Yoke SWIEBEL : à savoir que la visibilité politique est primordiale par rapport à la visibilité individuelle qui est, finalement, du ressort de chacune.

L’autre thème largement évoqué dans la matinée par la plupart des intervenantes concernait le patriarcat, objet d’une critique fondamentale : « nous sommes doublement victime de ses effet sur nous en tant que femme et en tant que lesbienne » Doublement victime ou doublement révolutionnaire ? Est-ce que l’on veut, comme le disait Jacqueline JULIEN, subvertir véritablement ce système, trouver en nous cette force qui peut « à partir de notre chez soi qui n’est pas chez eux » se battre et s’affirmer ou bien est-ce que l’on souhaite ce fameux droit à l’indifférence, que beaucoup revendique, et qui nous fait disparaître dans ces fameuses structures patriarcales ?

Un dernier mot sur un sujet qu’a abordé Stéphanie ARC, à savoir la théorie Queer, prégnante dans le monde anglo-saxon et répandue aujourd’hui en France, au point que l’on ne puisse plus l’ignorer. Il faut poursuivre une réflexion sur cela, notamment avec les jeunes lesbiennes séduites par ces idées.

Et pour conclure je voudrais dire à quel point ce colloque fut passionnant et riche, chaleureux et vivant. Une belle réussite. Il est temps d’applaudir l’équipe organisatrice qui nous a offert cette journée. Qu’elles viennent à la tribune et applaudissons-les : Jocelyne FILDARD, Evelyne ROCHEDEREUX, Odile DEBLOOS, Marie Josèphe DEVILLERS, Catherine MORIN LE SECH et Raymonde GERARD. Merci.


[1Elle a participé dans les années soixante dix au premier festival de femmes organisé par le groupe Musidora.

Outre le festival qui eu lieu en 1974, le groupe assurait des interventions en province, des projections mensuelles, l’édition de brochures et la publication d’un livre "Paroles elles tournent" et l’organisation d’un festival consacré à Mai Zetterling. Elle est aujourd’hui responsable de la Commission audio-visuelle des Archives du Féminisme.

Elle a réalisé, en 2005, un documentaire « Les charpentières » sur un groupe de femmes charpentières de Californie. Elle publie au P.U.F. de Rennes, « À tire d’elles », récit de vies de féministes lesbiennes des années 70-80.


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